Sur le circuit secondaire, les soins sont un privilège

Sur le circuit secondaire, se blesser signifie souvent tout perdre : classement, revenus, avenir. Sans staff ni soutien, les joueurs pro doivent gérer seuls leur santé, partout dans le monde.

Sur le circuit secondaire, les soins sont un privilège

Image générée par intelligence artificielle (DALL·E).

Une blessure peut suffire à tout faire basculer

Sur le circuit secondaire, une entorse peut briser une carrière. Sans staff médical, sans assurance, sans encadrement, les joueurs blessés n’ont souvent qu’un choix : jouer… ou disparaître. Dans ce tennis professionnel sans protection, le corps devient une monnaie à risquer, semaine après semaine.

Des soins limités, loin du confort du Top 50

Selon une enquête de Vice Sports, seuls les joueurs du top 50 peuvent réellement s’offrir un staff médical complet (kiné, préparateur physique, masseur). Pour les autres, la prise en charge se limite à l’essentiel, fourni uniquement pendant les tournois. Le reste du temps, chacun se débrouille seul. Soins spécialisés, rééducation ou suivi médical sont donc des luxes inaccessibles pour la majorité.

Des services médicaux ponctuels et réglementaires

Selon les recommandations officielles de l’ITF, chaque tournoi doit proposer un médecin et un kinésithérapeute qualifié, ainsi qu’une zone de soins équipée. Mais ces services prennent fin en même temps que le tournoi.

Le reste du temps, les frais médicaux sont à la charge des joueurs, souvent à l’étranger, sans réseau ni couverture suffisante. Même Dominic Thiem, ancien n°3 mondial, a reconnu la difficulté de préserver sa santé dans ce contexte : « Je pense que la façon dont nous pratiquons ce sport n’est pas saine et qu’à un moment donné, une ou plusieurs parties du corps craquent. […] Après ça, je n’ai plus jamais eu la même sensation. » (Tennis Temple). Si un joueur de ce niveau le dit, on imagine la situation de ceux qui ne disposent ni de staff, ni de ressources.

Blessure : la double peine du classement et des finances

Se blesser sur le circuit secondaire, c’est risquer une chute brutale au classement et la perte immédiate de revenus. Pas de match, pas de points, pas de prize money. Le tennis est l’un des rares sports professionnels où chaque arrêt signifie repartir de zéro, financièrement et sportivement.

Contrairement aux athlètes sous contrat dans d’autres disciplines, le joueur de tennis est seul face aux conséquences d’une blessure. Il n’a ni congé médical, ni salaire garanti. Beaucoup reprennent trop tôt, non pas par envie de jouer, mais par obligation économique. Faute de moyens pour se soigner correctement, ils aggravent leur état, prennent des risques pour leur santé, et prolongent la spirale d’instabilité. Dans ce contexte, la gestion d’un simple pépin physique devient une menace pour la suite de la carrière.

Une initiative prometteuse, mais encore limitée

En 2024, la PTPA (association des joueurs) a lancé MedNet, une hotline médicale 24h/24 censée offrir un accès à des spécialistes partout dans le monde. L’initiative marque un pas en avant pour mieux encadrer les soins en dehors du haut niveau. Cependant, cela reste très insuffisant face aux besoins réels : rien ne remplace un avis médical sur place, ni des soins réguliers assurés tout au long de la saison. Les joueurs du circuit secondaire continuent, dans la grande majorité, à se débrouiller seuls, sans accompagnement structuré. Le talent ne suffit donc pas, un corps fragile peut suffire à effacer une carrière.

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