« On organise des tournois, mais pas pour les joueurs»

À 23 ans, Liam Branger raconte ce qu’il vit sur le circuit ITF : conditions indignes, tournois annulés, solitude. Un quotidien pro géré comme un business, rarement pour les joueurs.

Un jeune Français dans les tranchées du tennis pro

Liam Branger, 23 ans, formé au pôle espoir du TC Val Vert, est classé 1170e mondial. Il évolue aujourd’hui en NCAA Division 1 à l’Université d’Orlando. Mais quand il est en Europe, il arpente les circuits ITF aux quatre coins de l’Europe, là où le tennis professionnel perd tout son vernis.

« J’ai payé une semaine d’hôtel pour… rien. »

À l’ITF 15 000 $ de Serbie, il dispute les qualifications sur des terrains défoncés, avec des balles “injouables”. Le dimanche, juste avant son premier tour dans le tableau principal, le tournoi est annulé. « Ils avaient juste un peu de retard. Une semaine d’hôtel, de repas, de trajets, tout à mes frais. Aucune explication. Juste stop. »

« Là-bas, t’es pas un joueur, t’es un numéro. »

Liam évoque une logique industrielle, impersonnelle. « Certains organisateurs font des tournois chaque semaine, c’est devenu de l’abattage. Ils veulent des inscriptions, pas des performances. Le business passe avant les conditions. »
Pas de balles neuves à l’entraînement, terrains mal préparés, eau difficilement accessible, hôtels imposés hors de prix… « Et si tu refuses l’hôtel, tu ne peux même pas t’entraîner entre les matchs. »

« Tu joues mal… parce que tout est mal organisé »

Derrière la précarité matérielle, c’est aussi le niveau de jeu qui souffre. « Quand tu t’entraînes avec des balles mortes sur un terrain bosselé, comment tu veux bien jouer ? Et pourtant, on te demande de performer. » Ces conditions dégradées participent à une logique absurde : rentabiliser chaque centime du tournoi, au détriment de l’essentiel.

« L’argent, il existe… mais pas pour nous. »

Liam dénonce une répartition opaque des revenus : « Les gens parient sur les matchs ITF, mais les joueurs ne touchent rien. Où va cet argent ? Personne ne sait. »
Le prize money, lui, reste symbolique. « Si on avait un petit salaire ou une aide structurelle, ça changerait tout. Là, on survit. »

« Le circuit secondaire, c’est la guerre. »

Fatigue mentale, solitude, doutes… Le jeune Français ne masque rien. « Il faut aimer perdre. Tu tombes toutes les semaines. Et faut se relever tout seul. » Il rêve d’un circuit plus humain, plus encadré.
Son message est limpide : « Aux jeunes qui rêvent du haut niveau : préparez-vous à avoir faim. Ce n’est pas un conte de fées. C’est la guerre. »

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