Même galère, double peine : être une femme sur le circuit ITF

Sur le circuit ITF, les joueuses professionnelles subissent une double peine : moins de visibilité, moins de revenus, et des conditions de jeu dégradées. Une réalité quotidienne, ignorée du grand public, mais bien réelle.

Inégalité homme femme dans le tennis

Image générée par intelligence artificielle (DALL·E).

Une démocratisation incomplète

Le tennis féminin a connu une ouverture progressive en France, mais cette « démocratisation » reste partielle. Comme le souligne Marine Fontaine dans une étude parue dans la revue STAPS, les femmes accédant au haut niveau viennent en grande majorité de milieux favorisés. Cette barrière sociale freine l’émergence de joueuses issues de familles moins dotées, alors que les filières d’accès restent coûteuses et sélectives.

Un traitement au rabais, même dans les mêmes tournois

Les inégalités de genre ne s’arrêtent pas à l’accès au haut niveau. Elles s’ancrent dans le fonctionnement quotidien des tournois ITF, où hommes et femmes partagent parfois l’affiche, sans bénéficier du même traitement. Comme le montre une étude publiée sur Cairn.info, les joueuses doivent composer avec des conditions de pratique souvent dégradées : terrains secondaires, vestiaires inadaptés, créneaux horaires peu valorisants.

Dans les tournois mixtes, les matchs féminins sont souvent relégués tôt le matin ou tard en soirée, pendant que les hommes occupent les courts centraux aux heures de forte affluence. L’encadrement technique est lui aussi plus léger, et les balles d’entraînement, parfois usées, renforcent l’impression d’être traitées comme une variable d’ajustement.

Cette hiérarchisation repose sur une logique commerciale biaisée : les organisateurs, convaincus que les tableaux masculins attirent plus de public et de paris, concentrent leurs efforts et leurs moyens sur les hommes. Résultat : même dans les tournois de niveau équivalent, les joueuses peuvent percevoir un prize money inférieur. Selon un rapport du Financial Times, l’ATP Tour offrirait aux joueurs 75 % de prize money en plus que le circuit féminin.

Une violence en ligne encore plus marquée

À cela s’ajoute une exposition bien différente, notamment sur les réseaux. Dans une interview donnée à Tennis Actu, la joueuse Marine Partaud dénonce le harcèlement régulier qu’elle subit de la part de parieurs en ligne : « Si je perds un match, je reçois des dizaines de messages d’insultes. […] C’est constant et violent. » Une réalité que vivent également des joueurs, mais qui touche plus durement les femmes, parfois sexualisées ou dénigrées pour leur apparence.

Moins vues, moins soutenues

La couverture médiatique du circuit féminin reste quasi inexistante, surtout à bas niveau. Comme le souligne l’étude de Marine Fontaine, les femmes sont moins représentées dans les médias sportifs, ce qui se répercute directement sur leurs opportunités de sponsoring ou de financement. Le public, souvent concentré sur les affiches ATP, ignore le haut niveau féminin secondaire, pourtant très compétitif.

Des efforts, mais encore marginaux

L’ITF a lancé le programme Advantage All pour lutter contre ces inégalités : développement du tennis féminin, meilleure représentation dans les instances, égalité de traitement. Mais sur le terrain, le fossé reste immense. Pour beaucoup de joueuses, l’égalité proclamée n’existe que sur le papier.

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