« Le circuit universitaire m’a redonné goût au tennis »

À 22 ans, Arthur a quitté le circuit français pour les États-Unis. Tennis, études, équilibre : il raconte ce choix lucide, loin des pressions du circuit secondaire.

arhtur bord

Un ancien espoir du tennis français

Arthur Bord, 22 ans, a connu très jeune les sommets de sa génération. Originaire d’Angoulême, passé par le pôle espoir du TC Val Vert, il fut l’un des meilleurs joueurs français de sa catégorie d’âge. Pourtant, comme beaucoup, il s’est retrouvé à un moment charnière de sa carrière, confronté aux limites du circuit français et européen. Fatigue mentale, manque de moyens, pression du classement… Alors qu’il aurait pu s’acharner à grimper les échelons du tennis pro, Arthur a pris un autre chemin : celui des États-Unis, du circuit universitaire, et d’un projet de vie plus large.

« Là-bas, j’ai redécouvert le goût du tennis »

Parti faire un master aux États-Unis, Arthur intègre une université où il peut jouer en NCAA Division 2 tout en poursuivant ses études. Le contraste avec la France est immédiat : “Les structures sont dignes de clubs pros, les coachs sont disponibles, le staff est complet (kiné, préparateur physique…). Tu peux t’entraîner autant que tu veux, à n’importe quelle heure. Tu es considéré.”

Au fil des mois, il retrouve une forme de plaisir perdu : “En France, jouer devant trois personnes, seul, sous pression, ça t’épuise. Là-bas, c’est l’inverse. Il y a du public, du bruit, des encouragements… et ça change tout.”

Un système qui soulage la pression

Arthur ne regrette pas le circuit pro, mais il sait de quoi il parle. “Si tu n’es pas dans les 3-4 meilleurs français, tu n’es pas soutenu. Le circuit secondaire, c’est un cercle vicieux : tu dépenses pour voyager, t’entraîner, loger… et tu ne gagnes rien ou presque.” Il souligne l’effet destructeur de cette pression permanente : “Tu peux vite tomber dans le burn-out si tu n’es pas prêt mentalement. Il faut une passion énorme pour ne pas s’éteindre.”

La voie universitaire lui a permis de sortir de ce cycle. “Je me suis éloigné de cette logique de classement, de performance à tout prix. Je joue mieux, plus libre, sans avoir le poids du ‘il faut perfer’.”

Une formation humaine autant que sportive

Le tennis universitaire, pour Arthur, ce n’est pas qu’un refuge. C’est une opportunité de progression. Le niveau de jeu ? “Très élevé. Certains Français avec un bon classement n’arrivent pas à percer ici. C’est intense, bruyant, mentalement très formateur.” Il évoque aussi un rythme de vie bien plus équilibré : “Tu es encadré scolairement, sportivement, socialement. Tu grandis dans tous les domaines. Ce système, pour moi, c’est le combo parfait.”

« En France, on pense que c’est une voie de secours »

Aujourd’hui, Arthur veut tordre le cou aux idées reçues. “On croit que ce parcours est pour ceux qui n’ont pas le niveau pro. C’est faux. C’est une vraie filière de haut niveau. Des gars comme Ben Shelton, ils viennent de là.” Il insiste sur le fait que ce modèle peut convenir aux meilleurs jeunes français, pas seulement aux seconds couteaux.

Son message aux jeunes de 17-18 ans est clair : “Ne croyez pas qu’il faut tout miser sur le circuit pro après le bac. Il y a d’autres chemins. Et surtout, il faut penser à l’après, à se construire au-delà du tennis.”

Lire le dernier article : Les inégalités géographiques sur le circuit : être joueur européen vs les autres.

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