Sur le circuit ITF et Challenger, les jeunes joueurs n’ont pas tous les mêmes chances : selon leur continent, accéder aux tournois et progresser reste un vrai parcours d’obstacles.

Un calendrier massivement européen
Le tennis se veut universel, mais son calendrier l’est beaucoup moins. En 2024, 62 % des tournois ITF masculins ont été organisés en Europe, contre seulement 9 % en Amérique du Sud et 3 % en Océanie, selon les données publiées par l’ITF. Ce déséquilibre structurel offre aux joueurs européens un avantage logistique évident : ils peuvent enchaîner les compétitions à moindre coût, souvent sans même prendre l’avion.
L’exil nécessaire pour exister
À l’inverse, les joueurs sud-américains ou océaniens doivent s’exiler plusieurs mois loin de chez eux pour trouver une densité de tournois compétitifs. Avion, visa, hébergement : le ticket d’entrée est cher. Sans aide fédérale ni sponsor, la carrière peut s’arrêter avant même d’avoir commencé. Et pour les joueurs issus d’îles d’Asie ou d’Afrique subsaharienne, l’obstacle est encore plus grand : peu de tournois, peu de visibilité, peu de moyens.
Des conditions de jeu parfois indignes
Même lorsqu’ils jouent « à domicile », les joueurs des régions moins dotées doivent composer avec des conditions loin des standards internationaux. En Amérique du Sud ou en Afrique, plusieurs joueurs ont récemment dénoncé des courts mal entretenus, aux faux rebonds fréquents, voire dangereux. « On s’entraîne dur pour progresser, mais sur ces terrains, c’est la loterie à chaque échange », confiait un jeune Colombien au site Punto de Break. Résultat : niveau de jeu affaibli, blessure évitable, et frustration généralisée.
Moins de densité, mais moins d’adversité
Ces régions peuvent cependant offrir une opportunité : la concurrence y est souvent moins rude. Certains joueurs européens n’hésitent pas à voyager loin pour « chasser les points » dans des tournois moins relevés, organisés en Océanie, en Afrique ou dans certaines zones isolées d’Amérique du Sud. Une tactique rentable à court terme, mais peu formatrice dans la durée. Surtout, elle ne fait que conforter les inégalités : seuls ceux qui ont les moyens de financer ces voyages peuvent exploiter ces brèches du circuit, laissant sur place les joueurs locaux, souvent mieux préparés… mais sans budget.
Le mérite ne suffit pas
Le classement ATP ne mesure pas que le talent, il reflète aussi l’accessibilité aux tournois, la qualité des conditions et le poids du passeport. Sur le circuit secondaire, les joueurs ne se battent pas seulement contre l’adversaire d’en face. Ils luttent aussi contre les inégalités géographiques injustes, qui transforme chaque montée au filet en escalade.
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