Après le rêve, le choc de la réalité ?

À 25 ou 30 ans, de nombreux joueurs du circuit secondaire arrêtent sans avoir percé. Sans diplôme ni soutien, ils affrontent une reconversion souvent précaire et invisible.

Image générée par intelligence artificielle (DALL·E).

Une fin sans cérémonie

Ils ont tout donné, voyagé aux quatre coins du monde, souvent seuls, souvent à perte. Mais un jour, vers 25 ou 30 ans, la décision tombe : stopper la carrière, sans trophée ni compte en banque garni. Pour les joueurs du circuit secondaire, l’après-carrière est brutale. Pas de reconversion accompagnée, pas de cérémonie d’adieu. Juste une page blanche.

Sans diplôme, sans économies

Beaucoup ont sacrifié leurs études pour tenter leur chance sur le circuit ITF ou Challenger. Selon une étude de Tennis Europe (2022), près de 60 % des joueurs entre 18 et 25 ans sur le circuit secondaire n’ont aucun diplôme supérieur, freinés par un rythme de compétition incompatible avec la poursuite d’un cursus.

Résultat : au moment de raccrocher, pas de filet de sécurité. Peu ou pas de diplômes, aucun contrat de travail préalable, et des économies parfois négatives (voir l’article : Survivre au-delà du classement : les défis financiers des joueurs).

Sortie de terrain, entrée dans l’inconnu

Alors, que faire après ? Certains s’orientent vers le coaching, souvent la voie la plus “naturelle”. Mais là encore, la concurrence est rude, et les revenus incertains. D’autres tentent des réorientations plus radicales : commerce, immobilier, ou retour aux études, mais se heurtent à un monde du travail qui ne reconnaît ni leur parcours, ni leurs compétences sportives.

Des dispositifs existent, comme le programme Tennis & Vie Pro de la FFT ou les aides de l’ITF, mais ils restent peu connus et mal relayés. En 2022, moins de 15 % des joueurs ITF français avaient bénéficié d’un accompagnement à la reconversion (FFT, rapport annuel).

Une identité à reconstruire

Le plus difficile n’est pas toujours financier. C’est aussi une question d’identité. « Lorsque tu arrêtes ta carrière, tout le monde t’appelle les 15 jours suivants […] mais après, le téléphone ne sonne plus. Et ce qui devient compliqué, c’est ce qu’on appelle la petite mort » Henri Leconte, ex‑n° 5 mondial dans une interview chez Eurosport.

Sans structure, sans reconnaissance, ces ex-joueurs doivent réapprendre à exister en dehors du sport. Certains sombrent, d’autres s’accrochent. Mais tous partagent un même sentiment : avoir été oubliés avant même d’avoir été reconnus.

Quelles portes de sortie ?

La reconversion existe, mais reste trop peu visible. Certains joueurs suivent des cours à distance (CNED, universités en ligne) pour préparer l’après. D’autres se tournent vers le circuit universitaire américain, qui offre études et tennis de haut niveau. La FFT et la PTPA proposent aussi quelques programmes de transition, encore limités. Enfin, les métiers du sport (coach, préparateur, kiné) deviennent souvent une issue naturelle. Mais sans accompagnement structuré, beaucoup finissent par improviser… ou décrocher.

Lire aussi : Même galère, double peine : être une femme sur le circuit ITF.

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