« Quand t’es 800e mondial, t’as zéro poids » : ces pros sans voix ni droits

Sur le circuit secondaire, des centaines de joueurs professionnels évoluent sans protection ni voix. Qui les défend quand l’ITF ou l’ATP privilégient le top 100 ? Personne.

Image générée par intelligence artificielle (DALL·E).

Un circuit sans porte-parole

Sur le circuit secondaire, les joueurs professionnels sont livrés à eux-mêmes. Faibles prize money, conditions indignes, tournois annulés, blessures sans couverture… et pourtant, aucune structure syndicale forte pour les représenter. Pas de négociation collective. Juste des individus isolés, face à un système mondial pensé pour l’élite.

Quand l’ATP ou l’ITF oublie les plus nombreux

Sur le papier, les joueurs sont censés être représentés : l’ATP pour le circuit principal, l’ITF pour les circuits Futures et certains Challengers. Mais dans les faits, les joueurs du circuit secondaire n’ont presque aucun levier pour faire entendre leur voix. Selon Tennis Majors (2023), la gouvernance partagée entre organisateurs et joueurs favorise surtout les intérêts économiques du haut niveau, reléguant les autres au second plan.

L’ITF, pourtant organisatrice des tournois 15K et 25K, ne garantit ni encadrement collectif, ni vraie protection contractuelle. Il n’existe pas de convention collective pour ces joueurs : pas de salaire minimum, pas de droits sociaux, pas de recours en cas de litige. En cas de blessure, d’annulation de tournoi ou de conditions indignes, les joueurs doivent assumer seuls les conséquences.

« Quand t’es 800e mondial, t’as zéro poids »

« Tu peux pas négocier, tu peux juste subir », confiait un joueur français dans L’Équipe. Les décisions de format, les réductions de prize money, ou encore l’explosion des coûts (hôtels imposés, balles médiocres, annulations sans remboursement) tombent sans recours. Le joueur ne peut que suivre, souvent sans comprendre ni être consulté.

La PTPA portée par Djokovic ? Trop éloignée des réalités du circuit ITF, selon ESPN. Le fossé reste immense entre les annonces médiatiques et les conditions du terrain.

Aucun contrat, aucune sécurité

Dans la plupart des sports pro, les syndicats garantissent un minimum : soins, salaires, droits. En tennis, le joueur est un travailleur indépendant sans protection. Pas de contrat de travail, pas de couverture maladie, pas de stabilité.

Se blesser, c’est perdre des revenus immédiatement. La pression pour jouer blessé ou épuisé est constante. Et pour certains, cela signifie prolonger un cercle vicieux : souffrir pour tenter de survivre

Le circuit secondaire, grand oublié des médias

Et comme si cela ne suffisait pas, les joueurs du circuit secondaire n’existent pas dans le paysage médiatique. Contrairement au foot ou au rugby, même les divisions “pros” restent dans l’ombre. L’Équipe, Tennis Majors ou RMC leur donnent parfois la parole, mais trop rarement, et souvent uniquement à travers un scandale ou une polémique. Sans relais, leur parole reste confinée à l’entre-soi.

Cette absence d’exposition empêche aussi la prise de conscience du grand public, et prive les joueurs d’opportunités de visibilité, de sponsors ou de soutien. Un double silence : institutionnel et médiatique.

Une voix à faire entendre

Ce vide n’est pas un oubli. C’est le produit d’un modèle élitiste où l’attention, l’argent et la parole sont monopolisés par le sommet. Et tant que les circuits secondaires ne seront pas reconnus comme professionnels à part entière, les joueurs resteront des invisibles dans un sport qui prétend les représenter tous.

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